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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

de Pointe Bleue, proche de Roberval, Joseph avait une assez bonne éducation : outre sa langue maternelle, il parlait couramment le français et l’anglais. Il était expert dans l’achat des pelleteries brutes. Il m’apprit rapidement l’Art d’évaluer les peaux. Joseph et moi posâmes une série de pièges et capturâmes de nombreux renards, lynx, martes, visons et rats musqués. Nous acquîmes aussi beaucoup de fourrures des Indiens, de sorte que notre première année de traite fut excellente.

« Mon père se joignit à nous au printemps de 1904 et annonça qu’il partirait après le dégel pour se rendre au Chibougamau.

« Il avait exploré cette région l’année précédente et en avait rapporté d’intéressants échantillons minéraux. Voilà près de cinquante ans, il a prédit le développement qui se fait aujourd’hui.

« Nos guides indiens fabriquèrent deux canots d’écorce, longs de 18 pieds et le 2 mai, nous partîmes pour Chibougamau. Nous arrivâmes à la pointe du Cuivre le 29 mai. Aucune route n’existait alors. Il fallait remonter des rapides et traverser la forêt. C’était pénible et épuisant. Joe Kurtness et moi quittâmes nos compagnons au Chibougamau et continuâmes encore plus au nord, sur une distance de 70 milles, jusqu’au lac Mistassini, où nous obtînmes une bonne quantité de fourrures, en échange de merceries et de colifichets.

« Les Indiens de Mistassini étaient totalement différents de ceux du lac Saint-Jean. Leur peau était moins sombre et la plupart parlaient anglais, quoiqu’ils n’eussent jamais quitté leur région et qu’ils ignorassent tout du monde extérieur. Ils apprirent cette langue des traitants de la Compagnie de la Baie d’Hudson.

« C’étaient des gens gais, sympathiques et hospitaliers. Durant la saison des réjouissances, ils se visitaient mutuel-