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LE VIEUX MOULIN

de l’or, du cuivre ou d’autre métal serait mis à jour sans erreur possible. Le prospecteur disparaissait alors au plus profond de la brousse pour en émerger plusieurs semaines plus tard et s’arrêter à Rainbow Lodge, en route pour la ville. Je ne crois pas qu’il ait jamais trouvé quoi que ce soit de quelque valeur par cette méthode, mais j’espère qu’il y parviendra, ne serait-ce que pour faire la nique à quelques mandarins pompeux qui ne peuvent bouger qu’avec la règle à calcul logarithmique à la main.

Notre planète était représentée par plusieurs races au Chibougamau à cette époque. J’y ai rencontré un Hollandais, un Grec, un Suisse, un Anglais, un Irlandais, un Français, un Autrichien, un Russe, un Antillais, un Syrien, sans compter les Américains et les Canadiens. Puis arrivèrent deux Australiens : Monsieur et Madame Raymond Wilkie. Wilkie est un chimiste et un essayeur. Il s’installa dans l’ancien laboratoire d’Obalski Mines, et se mit à analyser des échantillons de roc pour divers prospecteurs et entreprises du Chibougamau. Il arrivait des îles Fidji où existait, me dit-il, de l’or en quantité. Cet archipel mélanésien est humide et chaud à longueur d’années et voilà que Wilkie était maintenant dans l’un des endroits les plus froids du globe. « Tomber de Charybde en Scylla », dit un prospecteur qui avait des lettres.

— J’aime le Chibougamau, déclara Wilkie ; et d’après mes observations, je crois en son avenir. Il n’y a ici qu’un détail que je n’aime pas : ce détail est personnifié par un ours qui vient nous visiter chaque matin. À l’aube, aujourd’hui, il s’introduisit dans notre garde-manger à l’extérieur de la maison et s’empara d’un jambon. Je l’ai entendu, ai pris un fusil, mais maître Martin disparut sous bois avant que j’aie pu épauler. »

« Jusqu’à ce jour, j’ai fait mes analyses dans des climats chauds : En Australie occidentale, à Hong-Kong, dans les