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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

armée de prospecteurs, d’ingénieurs miniers et de promoteurs envahit le Chibougamau à la recherche de l’or, de l’argent, du cuivre, du fer, du plomb et du zinc.

On fonde des compagnies minières. On procède à l’élection de directeurs, fêtés dans force banquets, alors qu’une multitude de naïfs, partout sur le continent, s’arrache à coup de dollars les titres, enluminés aux couleurs les plus brillantes, de ces entreprises. On dynamite alors d’énormes quartiers de roc : des foreuses, de la lourde machinerie minière sont tirées par des attelages de dix chevaux, le long de la route d’hiver, de 150 milles, commençant à Saint-Félicien. Le Chibougamau devient sur le point de se transformer en un nouveau Yukon lorsque soudainement, en 1929, « Wall Street » (ainsi que « Variety » l’exprima en grosse manchette) « pondit un œuf » ! C’est la grande panique le « crash », la baisse vertigineuse. Les actions boursières s’effondrent toujours, tandis que monte la liste des ci-devant millionnaires qui se suicident. Le Chibougamau se vide en quelques jours. 11 n’y reste que dix blancs, et les Indiens sourient en se touchant le front du doigt… Et le temps passe, c’est l’oubli. Comme pour un parent pauvre. On ignore complètement le Chibougamau jusqu’en 1934.

Cette année-là, l’intérêt renaît soudainement pour le district. On commence par creuser deux puits. Géologues, ingénieurs miniers, prospecteurs et foreurs reviennent en hâte, par canot et par avion. Il en arrive des nouveaux. La population blanche grimpe derechef à mille personnes et les yeux du monde se fixent encore une fois sur le Chibougamau, mot indien signifiant : « Lieu de rendez-vous », c’est-à-dire, endroit où se rencontrent les tribus.[1]

  1. Cependant comme pour un grand nombre de noms d’origine indienne, on a donné d’autres interprétations à « Chibougamau », par exemple que ce nom signifie « L’eau s’arrête » à cause de la décharge étroite de ses eaux.