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Page:Wilson - L'appel du Chibougamau, 1956.djvu/29

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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

Chigobiche où en y parvenant j’aurai accompli plus de la moitié de mon trajet.

Ce lac Chigobiche impressionne avec ses quinze milles de longueur. On connaît l’abondance de son poisson. L’un des meilleurs endroits de pêche du district. La compagnie O’Connell, qui a construit la route, avait fait ériger ses baraques sur les rives du lac. Elles y sont demeurées. Ces rudes mais solides constructions sont demeurées debout et rendent encore des services.

La route, serpente, monte et descend sur des collines et dans des vallées. Elle franchit les cours d’eau grâce à des ponts grossiers en dos d’âne quelque peu vermoulus. Et c’est encore et toujours à travers le silence ininterrompu de la forêt, une vaste mer de verdure dont on découvre parfois les houles interminables du haut d’un sommet éclairci par la hache des bûcherons. Continuons, il faut franchir la rivière Chamouchuan, voie aquatique que les prospecteurs et les trappeurs, partant de Saint-Félicien, utilisaient pour atteindre le Chibougamau. Voici le lac Aigremont, où l’on découvre aujourd’hui un relais fort bien tenu par les soins du gouvernement de Québec, la rivière Nicobeau et le lac du même nom.

Au lac La Blanche, trois hommes apparaissent tout près du pont. Je m’informe de la distance jusqu’au lac Chibougamau.

— Vingt milles, dit l’un d’eux.

— La route est bonne ?

— Aussi bonne que celle que vous venez de parcourir.

— Ça me va parfaitement, dis-je et les trois hommes arborent un large sourire. Ce sont des travailleurs affectés au service des routes. Ils sont fiers du beau chemin qui mène à Chibougamau. Je les félicite, nous allumons des cigares et je repars à regret ; il s’agit d’atteindre le camp O’Connell avant la nuit.