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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

Un homme aux dimensions stupéfiantes est assis sur l’un des trois lits de camp.

— Je vous présente Fred Holland, me dit « Bill » pilote de brousse pour la Compagnie d’aviation du Mont-Laurier ; il a volé sous tous les cieux nordiques, des Rocheuses jusqu’au Labrador.

— « Bienvenu », articule Fred Holland.

— « Vous êtes chez vous », affirme « Bill ».

La cabane (40 pieds par 40) n’avait aucune cloison intérieure, son unique pièce servait, pour « Bill » et ses invités, de chambre à coucher, cuisine, salle à manger, bureau, chambre de bain et de blanchissage, remise à combustible, magasin etc. Trois petites fenêtres éclairaient (à peine) la pièce. Une lampe à essence répandait, en sifflant sa clarté, au dessus d’un poêle à bois de forme cylindrique ; un peu plus loin, sur une étagère, je voyais un poêle à essence à deux brûleurs. Il y avait aussi un évier, des armoires et une trappe dans le plancher, s’ouvrant sur une cave peu profonde. La table « à dîner » (c’était d’ailleurs la seule) était recouverte de toile cirée. En fait de siège, on avait des bancs grossièrement équarris et des escabeaux à trois pattes ; tous ces meubles sont fabriqués avec du bouleau des environs.

Avant même que j’aie déroulé mon sac de couchage, « Bill » annonce le souper.

— « Vous aimez la truite ? » s’informe-t-il sur un ton plutôt affirmatif, en plaçant sur la table une truite de lac de cinq livres et cuite à la perfection. Je lui accorde alors le suprême compliment gastronomique, en m’abstenant de lui répondre avant d’avoir fini de dévorer une énorme portion de ce prince des poissons.

La science de cordon-bleu de mon hôte est du reste célèbre dans tout le nord : car il peut tout aussi bien apprê-