Page:Wilson - L'appel du Chibougamau, 1956.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
42
L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

À moins de quelque contretemps, je deviendrais bientôt maître de cette concession.

Alors que je flânais à travers le camp de la baie des Cèdres, j’entendis le ronron d’un moteur et remarquai deux hommes affairés autour d’une foreuse à diamant, sur un îlot à quelques centaines de pieds de la terre ferme. J’empruntai un canot, atteignis l’îlot à la pagaie et me présentai à Lucien Demers et à Arthur Forest, qui habitaient le Chibougamau depuis longtemps.

Demers et Forest étaient associés. Ensemble ils avaient prospecté, acheté des « claims » vendu des « claims », développé des « claims ». Ils foraient en ce moment dans l’espoir d’intercepter une veine prometteuse.

Forest, le plus âgé des deux, était un type tranquille, courtois, conservateur dans ses habitudes et ses propos ; Demers était tout feu tout flamme et d’une santé de fer, quoique d’une stature étonnamment petite (il pesait cent livres à peine, mais on l’avait déjà vu flanquer une raclée à un mineur deux fois plus lourd que lui). Il avait possédé à Chibougamau un hôtel (complet, avec tous les détails comprenant même un fauteuil compliqué de coiffeur) à l’époque de la ruée de 1935, et l’on dit que les clients s’empressaient de régler leurs factures rubis sur l’ongle.

Naturellement, ils s’informèrent de ce que j’étais venu faire au Chibougamau. Je répondis, tout aussi naturellement, que j’étais en excursion de pêche. « Allez dire ça à d’autres ! » firent-ils en riant.

Après que j’eusse reçu ma réponse du ministère des Mines de Québec, je m’aperçus tout de suite d’une atmosphère de curiosité indiscrète, dans toutes les cabanes de la baie des Cèdres, l’attitude de chacun signifiait : « Qu’êtes-vous venu chercher ? ». Pour cette raison, je ne tardai pas à quitter le district, tout en avisant « Bill » que