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Page:Wilson - L'appel du Chibougamau, 1956.djvu/62

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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

au point de sembler parfois invisible, repose sur un lit de sable aussi blanc que la neige. Le sable — et non pas l’eau, — se soulève toutes les huit minutes, créant ainsi des bulles : puis il retombe lentement au fond. Les Indiens attribuent ce phénomène, frappant à cause de sa régularité, à leurs dieux ; pour cette raison, ils considèrent cette eau comme sacrée et refusent d’en boire. Nous en bûmes, quant à nous, copieusement, mais nos camarades rouges mirent promptement fin à ce sacrilège en enterrant le cadavre d’un bébé au bord du ruisseau et en bordant la fosse d’une haie. Jamais plus nous ne touchâmes à cette eau.

« Les vents au Chibougamau, sont souvent erratiques, mais il y a des souffles assez constants. En été, les vents dominants viennent du sud-ouest et, durant les mois à ouragans nous subissons parfois les coups de queue de tempêtes dont le mouvement giratoire casse des arbres et soulève dans les lacs, des lames énormes. Les vents du nord-ouest, descendant de la baie James, soufflent d’ordinaire pendant trois jours ; ceux du nord-est signifient d’habitude du beau temps, car ils viennent du Labrador, distant de 1,500 milles. Ils arrivent au Chibougamau considérablement ralentis par les montagnes et les collines.

« Quoique nos activités principales concernent les mines, nous augmentons nos revenus en piégeant et chassant les animaux à fourrure. Nous en transportons de précieux chargements jusqu’à Montréal.

« Alors que nous faisions de la prospection au Chibougamau, le gouvernement de Québec, proclama une prohibition de trois années sur la chasse au castor, mais je rencontrai un trappeur qui viola cette loi de telle manière, qu’il s’y amassa une fortune considérable, car les peaux de castor atteignaient des prix fabuleux lorsque la vente en était défendue.