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Page:Wilson - L'appel du Chibougamau, 1956.djvu/69

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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

Dans le camp O’Connell, au Mille 132, l’activité régnait jour et nuit. Il ne restait que vingt milles de la route de Chibougamau à terminer, et les constructeurs s’y attaquaient comme à un ennemi pris de panique. Il n’y avait pas de relâche. Des escouades de camions, chargés de gravier, de cailloux, de sable, de ciment, de bois pour les ponts et les ponceaux, défilaient en grondant et revenaient, comme pourchassés par une contre-attaque atomique. Les ornières de gravier semblaient prendre feu au passage des machines.

On eût dit la dernière étape d’une offensive à outrance. Les ouvriers, l’air décidé, semblaient dire : « Finissons-en une fois pour toutes. Fonçons jusqu’au lac Gilman, où sera l’emplacement de la ville de Chibougamau. Vite ! Car les prospecteurs et les mineurs viendront bientôt et ils auront besoin de cette route pour transporter leur lourde machinerie, destinée aux grandes mines qui vont naître. »

Des groupes de prospecteurs ne cessaient d’affluer au camp O’Connell, où ils obtenaient le vivre et le couvert pour un prix modique. Les constructeurs de la route avaient mis plusieurs maisons à la disposition des voyageurs, afin de leur éviter l’ennui de dresser des campements temporaires avant de s’enfoncer dans les hautes forêts.

Le camp de construction O’Connell, de vaste dimension servait de lieu de concentration pour toutes les lourdes machines destinées à parachever la route : camions, pelles mécaniques, niveleuses, bulldozers, jeeps, générateurs, pompes, instruments de dynamitage. Une équipe de mécaniciens travaillaient vite et sans un geste inutile, à démonter des véhicules et à rassembler des moteurs. Un soudeur casqué accroupi dans une flamme bleue, avait l’air d’un guerrier martien, alors qu’il promenait sa torche sur la fêlure d’une pelle géante.