dépasse la mesure et je ne suis pas étonné qu’il soit tenu en haute vénération. Jusqu’à la réforme, le frère de l’empereur était l’abbé de ce monastère. Nous avons parcouru la salle de réception qui consiste en une pièce de parquet un peu plus élevée que les voisines, et dont tout l’aménagement comprend un coussin et un paravent richement décoré derrière lequel se tenaient, en sentinelle et au guet, les gardes du corps chargés de la sûreté de la personne du royal abbé. En arrière : un ancien temple, un cimetière et un jardin superbe.
De là, nous allons voir le grand Bouddha. Depuis 1588 il y a toujours eu, en succession ininterrompue, une image colossale du dieu à cet endroit, mais l’incendie les a détruites les unes après les autres, jusqu’à l’horrible chose actuelle qui date de 1801. Sous le toit d’une mauvaise construction qui craque à la moindre brise, se dresse une tête en pièces de bois doré et mal ébauchée, dont les dimensions sont :
Hauteur de la statue : cinquante-six pieds,
Largeur des épaules : quarante-trois pieds,
Narines : deux pieds et trois pouces,
Bouche : huit pieds et sept pouces,
Largeur de la face : vingt-un pieds,
Hauteur de la face : trente pieds,
Oreille : douze pieds,
Sourcils : huit pieds,
Œil : cinq pieds,
Nez : neuf pieds.
Autour, sur le mur, cent quatre-vingt-huit images de la déesse Kwannon, car chaque dieu a sa déesse. Que voulez-vous ? il en était ainsi au bon vieux temps de l’Olympe. Ce que Jupiter a causé d’ennuis à sa brave Junon ! Ici nul besoin de chercher la femme ; elle est tout à côté.
Allons terminer nos dévotions idolâtres de la journée à San-Jusa-Gen-do, le temple aux trente-trois mille trois cent trente-trois images de Kwannon, la bonne déesse de la miséricorde. Ce chiffre est exact. Il est facile d’y arriver ;