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ASIE — FORMOSE — LES PHILIPPINES

pays du soleil brûlant ; à noter particulièrement l’acajou que l’on utilise comme le pin ou l’épinette, chez nous.

L’animal qui attire le plus l’attention est le carabao, la laide mais bonne grosse bête aux cornes énormes qui atteignent jusqu’à six pieds d’envergure, recourbées vers les flancs. On l’utilise sur la ferme et à la ville. Il prend la place du cheval de trait. Sa maigre fourrure le protège mal contre les ardeurs du soleil ; aussi se baigne-t-il souvent dans l’eau claire ou dans la boue ; peu lui chaud pourvu qu’il se rafraîchisse. Il a la peau du rhinocéros, agrémentée de quelques poils flous. Bonne bête qui fournit le labeur et le lait ; traînant sa lourde corpulence sur le pavé asphalté des villes, elle regrette sans doute ses jungles de l’Inde, ses plaines de la Chine méridionale et ses marais de l’Asie, sa mère-patrie.

Nous voyons peu d’oiseaux. Il y a, dit-on, beaucoup de serpents et de lézards ; ces derniers ne se gênent pas ; ils pénètrent jusque dans les habitations. Ils ne sont pas malfaisants ; ils sont plutôt laids, curieux et pour le moins indiscrets, à en croire certains pensionnaires de l’hôtel qui nous font part de leurs impressions à ce sujet. Ils manifestent leur surprise de ce que nous n’en ayons pas encore vu grimper sur les moustiquaires. Nous ne tenons pas absolument à voir le cou allongé, les grandes pattes et la queue serpentine de ces reptiles qui font de l’acrobatie sur les murs au-dessus de nos têtes ou dans les rideaux. Nos lits sont entourés de moustiquaires : protection salutaire contre les petites bêtes à becs pointus et ces sauriens qui escaladent les murs, grimpent au plafond et se laissent quelquefois choir sur le nez du dormeur.

La population des Philippines se chiffre à onze millions distribués sur quatre cents îles. Elle se divise en huit millions de chrétiens, trois cent mille mahométans ; le reste est païen et peu civilisé. La douceur est le caractère distinctif des Philippins. Courtois, hospitaliers, propres, habiles, musiciens, indolents, ils sont bons enfants. La femme occupe une très haute position dans la famille : ce qui assure la dignité des foyers. Nous ne remarquons