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ASIE — CHINE — HONG-KONG — JOHORE

1er février — Déjà février ! Comme le temps passe vite ! Nous visitons les jardins publics, nous croquons du clou, de la cannelle, de la muscade, du poivre, du thé, du café. Nous goûtons à toutes les épices dont les arbustes étalent à nos regards étonnés leurs feuillages inconnus. Nous ramassons sur le sol des noix d’indigo et de caoutchouc. Nous prenons plaisir à taquiner la sensitive qui, au toucher ou au son de nos éclats de rire, replie sur elle-même ses feuilles effilées ; elle croît ici comme l’herbe des champs. Toutes les plantes et les fleurs, que nous cultivons en serre chaude, croissent à l’état nature en ce doux pays. Les cactus, les magnolias, les fougères, les hibiscus, les camélias bordent les routes, les clôtures, les étangs et les fossés. La pioche et la faux du jardinier, pour nettoyer, abattent des amours d’iris et de jacinthes. C’est à fendre l’âme et à briser le cœur. Pauvres « arpents de neige » de mon pays ! qu’il faut de vertu patriotique pour vous aimer !

Singapour est cosmopolite ; sa population, d’à peu près un demi-million, est une mosaïque de toutes les races de la terre. Chacun y apporte sa vie, ses mœurs, sa religion, sa langue, ses vices, sa peau. Toutes les nuances de l’épiderme se touchent, sans se confondre. Bouddha est vénéré sous le toit d’un temple international élevé à grands frais. Il y avait longtemps que nous l’avions vu, ce bon Bouddha, nous commencions à l’oublier. Il est bien logé à Singapour où il reçoit les hommages des représentants de sa famille de plus de trois cents millions de fidèles. Deux serpents enroulés dans des cages suspendues aux arbres, dans la cour intérieure d’un temple, font partie du personnel desservant. L’un d’eux, paraît-il, matin et soir, glisse de sa cage, rampe jusqu’à l’autel, salue Bouddha trois fois, et revient s’enrouler dans son nid. Un peu plus loin, nous remarquons, au passage, un temple réservé à ceux des adorateurs de Bouddha qui font vœu de ne se nourrir que de poisson. Dans une aile du Temple international se trouve la chambre mortuaire des Hindous. Les Hindous