Chapitre I
BANKA — BATAVIA
4 février — En route pour Java, le jardin de l’Orient.
Nous prenons passage à bord du magnifique vapeur Melchior Treub de la ligne royale hollandaise. Des naturels, dans leurs péniches, petits canots creusés dans des troncs d’arbres, entourent le bateau ; comme à Honolulu, ils plongent pour recueillir les menues pièces de monnaie que nous leur jetons du pont. L’eau est très limpide ; nous suivons de l’œil les pièces de monnaie et les plongeurs. Ils n’en perdent pas une seule. Ils sont beaux à voir, ces corps de bronze dans l’eau verte ! D’un geste brusque et fier, ils rejettent en arrière leur longue chevelure qui ruisselle ; leur sourire découvre deux rangées de dents blanches comme des perles. Entre le pouce et l’index, ils montrent la pièce enlevée à l’abîme, la jettent au fond du canot et crient : « Merci ; et encore une, s’il vous plaît ».
À dix heures du soir, nous traversons l’équateur, la ligne de division des hémisphères, invisible la nuit comme le jour ! Quelles bonnes blagues nous racontent les marins, à ce propos ! Que de bonnes âmes ont cherché à voir l’équateur ! Ceci me rappelle le voyage d’un brave