Shah-Jehan ne fut pas un grand guerrier, mais un artiste incomparable. De cette femme qu’il adorait, Shah-Jehan eut sept enfants : quatre filles et trois fils ; l’un d’eux, Aurangzeb, lui succéda. Il fut mauvais fils ; après la mort de sa mère, il fit enfermer son père dans une petite cellule dans le fort d’Agra. Il voulait le faire mourir ou tout au moins le rendre aveugle. Pour atteindre ce but diabolique, il consulta un spécialiste qui lui conseilla de peindre en blanc les murs de son cachot. Comme le résultat attendu ne se produisait pas, Aurangzeb s’enquit auprès du spécialiste qui lui dit : « Il doit porter quelque chose de couleur verte sur sa personne et sur lequel il porte ses regards, conservant ainsi ses yeux ». En effet, Shah-Jehan avait au doigt une grosse émeraude qu’il regardait tout le jour. Aurangzeb tenta de la lui enlever et chargea le valet de service de demander à Shah-Jehan de lui prêter sa bague pour l’examiner. « Je suis bien malheureux » dit le pauvre martyr, « mais, va dire à ton maître que je ne suis pas encore fou ». Il mourut dans cette cellule.
Son fils, rongé par le remords et le repentir, fit élever un cénotaphe à côté de celui de sa mère et réunit dans la mort, sous la coupole du Taj, les deux époux qui s’étaient tant aimés.
Nous irons plusieurs fois au Taj avant de quitter Agra, la sublime.
17 mars — Excursion de vingt-cinq milles à Futehpore-Sikri, la résidence d’été, le Versailles d’Akbar. Malgré leur âge avancé, — plus de trois siècles — ces palais, ces mosquées, ces retraites, ces salles d’audience, ces harems, ces petits appartements sont dans un parfait état de conservation. Deux heures durant nous avons parcouru ces merveilles et en sommes sortis exténués de fatigue. Je me contenterai d’une brève énumération des principales que je veux noter afin de n’en pas perdre le souvenir. On y remarque le Sonara-Mahal, affecté à l’épouse chrétienne d’Akbar ; une fresque représentant l’Annonciation ; le Panch-Mahal, palais à cinq plates-