pas : leur religion le défend. Voilà ce qui explique l’abondance et la familiarité du gibier à poil et à plume.
18 mars — Notre première visite, le matin, est au fort de Delhi ; il est de même pierre rouge, de même plan que celui d’Agra : portes monumentales, tours énormes, bastions aux fortes assises, donjons, créneaux et mâchicoulis. La Jumna qui, à l’époque delà construction du fort, baignait le pied de ces murs du côté est, a été détournée de son cours, de façon que le fort est maintenant dans la plaine de ce côté. Nous sommes entrés par la porte de Lahore, flanquée de deux énormes éléphants en pierre, enlevés de la porte du fort d’Agra. Nous passons sous une voûte gothique. Au milieu du passage, une cour octogone exhibe des murs ornés d’inscriptions en langue arabe et des mosaïques représentant des fleurs. Dans l’enceinte du fort, des casernes en brique, construites sans style et de très mauvais goût, font l’effet de sacrilèges en ce lieu historique. Durant son séjour, comme vice-roi, lord Curzon, dont la mémoire vivra longtemps aux Indes, prit un vif intérêt à la réparation et à la conservation des monuments religieux et historiques de tous les cultes ; il projeta de démolir ces horreurs, mais le gouvernement anglais ferma l’oreille à ses représentations. Ces casernes ont été élevées après l’insurrection de 1857.
Parcourons à la hâte quelques-unes de ces salles dont les murs sont incrustés d’or, d’argent et de pierres précieuses. Voyons d’abord la salle des audiences publiques ; et venez vous asseoir sur le trône en mosaïque. Soyez le grand Mogol d’un jour, et donnez audience aux maharajahs cousus d’or. Jetez un coup d’œil sur la Galerie des musiciens, encore belle, quoique dépouillée des incrustations d’or et de pierreries dont elle resplendissait jadis.
Après avoir congédié le public, donnez maintenant audience particulière dans la salle affectée à cette fin, véritable écrin ; plafond incrusté de filigranes d’or, chef d’œuvre d’orfèvrerie. Chaque pilier, au nombre d’une vingtaine, pourrait servir de châsse, tant l’ornementation en est riche, délicate. C’est dans cette salle si