Page:Wilson - Voyage autour du monde, 1923.djvu/348

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C’est le mouton qui produit la fameuse laine de cachemire si justement vantée pour sa finesse, sa souplesse, sa durée et sa beauté. Des paons à l’état sauvage se pavanent, font la roue un peu partout, étalent les queues les plus somptueuses qui puissent se voir. Le soir, ils se perchent sur la cime des arbres. Quoiqu’ils vivent à l’état sauvage, ils sont aussi familiers que les corbeaux, les moineaux, les perruches, les vautours, les aigles, les émerillons, les pies, les colombes et une infinité d’autres oiseaux aux riches plumages qui vivent autour de l’homme comme les oies, les canards et toute la volaille des basses-cours.

Au moment où j’écris ces lignes, un corbeau au col gris perle, un écureuil de la variété connue chez nous sous le nom de petit suisse, me font des niches sur l’allège de la fenêtre et demandent du backshish à leur façon. Cette intimité de tous les animaux aux Indes s’explique du fait que les Hindous ne tuent pas les animaux ; ils les adorent ; ils sont sacrés pour eux. Si l’un d’eux est mordu par le terrible serpent cobra et meurt empoisonné, il est assuré d’aller au paradis : c’est l’acte de Dieu. Cinquante mille décès causés par la morsure de ces reptiles sont annuellement enregistrés dans les statistiques du gouvernement, sans compter le nombre effroyable des cas que les naturels cachent aux autorités. Afin de m’assurer de la chose, j’ai pris des renseignements auprès de personnes dont le témoignage ne saurait être mis en doute. Sur mon observation que je n’avais pas vu un seul serpent depuis mon entrée aux Indes, excepté en captivité dans les jardins zoologiques ou dans les mains des charmeurs, il me fut répondu qu’à cette saison, qui correspond à notre hiver, les serpents sortent peu de leurs trous, rarement le jour, quelquefois la nuit ; mais de juin à octobre, lors des grandes pluies, ils désertent leurs repaires inondés et se répandent partout, jusque dans les habitations. Les villes, moins fréquentées par ces visiteurs incommodes, n’en sont pas tout à fait exemptes.

Il y a partout des citernes d’où l’on puise l’eau au moyen d’une outre suspendue à une poulie et tirée par