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Arungabad, à Yadgiri, un rocher fortifié domine la plaine à une assez grande hauteur.

Le roulement sonore du train secoue la torpeur dans laquelle la chaleur torride nous a plongés ; nous sommes sur un pont en fer de plus de quatre mille pieds de longueur. Il relie les deux rives d’une rivière desséchée, la Bhima, fond de roc en partie couvert de dunes de sable ; quelques plaques d’eau saumâtre font les délices de bandes de marmots qui y barbotent, et de laveurs et de laveuses qui battent le linge à tour de bras sur les pierres brûlantes. Plus loin : un autre pont sur une autre rivière également sans eau, la Thungabadra. Au coucher du soleil, nous filons au milieu d’une vallée entre des rochers aux formes les plus fantastiques : têtes d’éléphants, d’ours, de loups, figures d’aigles aux ailes tendues, tours, bastions, créneaux, portiques se découpent dans la pourpre du soleil couchant qui les illumine en projections de lanterne magique.

De Calcutta à Bombay, de Bombay à Madras, et pour ainsi dire dans l’Inde entière, les chemins de fer sont bordés de haies de cactus et d’aloès géants, dont les fleurs, qui n’éclosent qu’une fois en un siècle, dit-on, atteignent jusqu’à douze à quinze pieds de hauteur. Elles sont en rangs serrés et à la file comme des poteaux de télégraphe. Ici et là, des temples et des résidences de rajahs et de riches planteurs. Le voile du soir s’abat tout d’un coup, sans transition, phénomène particulier aux tropiques. Nous nous installons de notre mieux pour la nuit, en prenant soin de ne pas laisser les fenêtres trop large ouvertes ; les nuits sont toujours fraîches et dangereuses en Hindoustan.

2 avril — Eveil à Nagagi. Nous croyons rêver ! Tout est d’un vert qui réjouit ; les montagnes sont couvertes de forêts touffues ; dans la plaine, les rizières plantureuses baignant dans l’eau sont bordées de palmiers qui tiennent lieu de clôtures et délimitent les champs. En certains endroits, les épis mûrs penchent leurs têtes lourdes de grain et tombent sous la serpe et la faucille des