Chapitre I
LA MER D’ARABIE — PORT SAÏD
12 avril — Il fait un fort vent de l’ouest. La pluie traverse les toiles du pont supérieur qui ruisselle. Nous cherchons refuge dans le salon, la salle à manger, les cabines. Nous nous retirons de bonne heure. À demain, notre curiosité et notre envie de reluquer les figures nouvelles.
13 avril — À midi, nous avons parcouru cent quarante-et-un milles. Distance à couvrir pour atteindre Djibouti : deux mille soixante-quinze milles. Notre position sur la mer d’Arabie est par 6°-0′-5″ latitude nord, et 120° longitude est, méridien de Paris. La population, de près de deux cents passagers de première, se compose de quelques Anglais et Américains ; mais la grande majorité sont des Français de l’Indo-Chine, fonctionnaires en congé et négociants qui, accompagnés de leurs familles, rentrent au pays natal.
Il n’y a pas de place attitrée pour le déjeuner qui se prend au petit bonheur. Pour les autres repas, nous sommes en compagnie de Monsieur G… P…, ministre plénipotentiaire de France à Pékin et conseiller du gouvernement chinois, et de Madame. Nous causons politique, géographie, voyages, histoires, aventures, guerre, et France, cela va sans dire.
14 avril — Voici le passage des Huit degrés et demi, entre les groupes des îles Maldives et Laquedives, près de