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29 avril — Levés de bonne heure. Il s’agit d’une excursion dans les montagnes, à la vallée des tombeaux où dorment les Pharaons. Nous passons le Nil en felouque, guidés par le dragoman Ahmed Abdel Raggaz qui a préparé les voies et retenu les services de trois âniers qui nous attendent sur le rivage, enveloppés dans leurs burnous. Leurs petits ânes, qui répondent aux noms de Quo Vadis, Bismark et Chocolat, attendent aussi, les sabots dans le sable, immobiles comme la statue du bœuf Apis. Nous montons en selle et, à travers dunes et champs de blé que des moissonneurs abattent à la serpe, nous cheminons vers Kourna, en passant par les hameaux de Naja-er-Rizka et de Naja-er-Béirat, près du canal Fadiliyé que l’on traverse sur un pont, au petit village de Naja-er-Tod. À notre droite, se profile un joli bosquet où blanchissent des maisons. C’est une île au temps de la crue du Nil ; elle se confond maintenant avec la pleine terre.

Arrêt au tombeau funéraire de Sethos 1er, dédié à Amon et consacré au culte de Ramsès 1er, son père. Ce temple, à l’origine, mesurait près de sept cents pieds de côté. Il n’en reste plus que le portique à colonnade et les ruines des salles principales. Nous continuons sur Biban-el-Moulouk où, à la fourche du chemin, nous prenons le sentier de la montagne, par Asasif et Deir-el-Bahri. Nous entrons dans la vallée, entre les montagnes qu’un auteur de voyages décrit comme suit : — « Des rochers nus et jaunâtres sur lesquels le soleil darde ses rayons à midi, rétrécissent la vallée de plus en plus ; une immense tristesse pèse sur toute cette contrée solitaire, dont l’imposante majesté surpasse tout ce que l’on rencontre sur les bords du Nil. Presque tout signe de vie semble y être éteint ; çà et là seulement quelques plantes du désert y végètent ; chacals et loups, aigles, faucons et hiboux, serpents et chauves-souris, mouches et guêpes le peuplent presque exclusivement. »

Après une chevauchée de quatre milles et demi, nous sautons de nos étriers sous un abri sommaire de feuilles