Je note, de l’excellent ouvrage de M. Monmarché : De Paris à Constantinople, quelques passages sur Saint-Jean d’Acre, Jaffa, les Dardanelles et Constantinople et cette partie du Proche Orient
Partout de Haïfa, mais surtout du sommet du Carmel, on aperçoit Saint-Jean d’Acre de l’autre côté de la baie. Acre est l’ancienne Ptolémaïs de Ptolémée d’Égypte. Elle fut tour à tour la propriété des Phéniciens, des Romains, des Arabes, et des Croisés sous Richard Cœur de Lion et le roi Guy de Lusignan. Ce sont les Chevaliers de Saint-Jean qui lui donnèrent son nom. « Le 20 mars 1799, les Français commencèrent le siège d’Acre, soutenus par les Anglais ; après huit assauts meurtriers, Bonaparte fut contraint de se retirer… En 1832, Ibrahim-Pacha prit la ville qui fut pillée et détruite, mais elle se releva de ses ruines. En 1840, Acre fut bombardée par les flottes anglaise et autrichienne. Ces dévastations réitérées ont fait disparaître presque toute trace des monuments antiques. »
Le récit du massacre par Bonaparte de trois ou quatre mille prisonniers turcs, parce qu’il n’avait pas assez de provisions pour les nourrir, constitue l’une des pages les plus tragiques de l’histoire. Les vieux troupiers eux-mêmes, tout couverts de sang, en frémissaient d’horreur. Il n’y a rien de surprenant que les Turcs aient usé de représailles, et qu’après le départ de Bonaparte, ils aient massacré, au mont Carmel, les infortunés qu’il laissa lâchement derrière lui. Le siège de Saint-Jean d’Acre est une des grandes fautes de Napoléon, comme son expédition d’Égypte, du reste.
Notre navire, le Campidoglio, vient de Jaffa, le port de mer le plus considérable de la Palestine : cinquante mille habitants. C’est l’ancienne Joppé et Japho des Phéniciens et des Juifs. « Un mythe antique raconte que, dans ces parages, Andromède, fille de Céphée et de Cassiopée, fut enchaînée au rocher pour être dévorée par un monstre marin et délivrée par Persée. C’est aussi après s’être embarqué à Joppé que Jonas fut englouti