Chapitre II
SAINT-JEAN D’ACRE — GALLIPOLI
16 mai — Nous quittons Haïfa à 6 heures p.m., et partons pour Beyrouth que nous atteindrons demain matin.
La nuit est belle ; la lune commence à éclairer suffisamment pour rendre la mer et ses contours intéressants. Nous longeons la côte. Saint-Jean d’Acre, à droite, ne se signale que par quelques lumières. Le mont Carmel éclaire son sommet de sa petite lanterne qui remplace bien faiblement son phare d’avant-guerre. Depuis notre traversée de Tunis à Naples, en août 1907, c’est la première fois que nous nous embarquons sur les flots si agréablement bleus, si profondément transparents de la Méditerranée. Le fond se voit à quarante pieds. Cette mer a la particularité d’être pour ainsi dire sans marée, à peine un mètre.
17 mai — Dans la nuit, nous avons passé vis-à-vis Sour et Saïda — Tyr et Sidon… Tyr, berceau d’Astarté, qui fut la gloire de la Phénicie, qu’Ézéchiel menaça des pires châtiments dans ses prophéties, après les plus sages avertissements, à cause de sa vie mondaine, débauchée et scandaleuse. Nabuchodonosor en fit le siège pendant