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le général Gouraud, maintenant gouverneur de la Syrie, a été blessé. Cent mille Australiens sont tombés au champ d’honneur. Tout le plateau est couvert de petites croix blanches qui marquent les tombes de ces héros.

Dans l’après-midi, la vigie crie : Un cadavero ! Un cadavero ! En effet, au beau milieu du détroit, couché sur le dos, les bras au-dessus de la tête, flotte le cadavre d’un Turc, noyé depuis assez longtemps, si l’on en juge par son état de décomposition. Cependant, son costume est complet : pantalons blancs bouffants, large ceinturon rouge, gilet à boutons de métal, turban sur le chef. Cette rencontre lugubre me représente l’état actuel de la Turquie : débris, épave d’une nation, d’un peuple qui fit trembler le monde et qui flotte maintenant sur l’océan agité des passions politiques de tous les peuples de l’Orient et de l’Occident.

Nous entrons dans la mer de Marmara, l’ancienne Propontide. Le détroit des Dardanelles est maintenant désarmé ; les puissances alliées, nommément les Anglais et les Français, l’occupent et le contrôlent. C’est une des conditions du traité de Versailles.

Nous contournons l’île de Marmara et continuons sur la mer durant la nuit. Demain, à notre réveil, nous serons en vue de Constantinople, le but ultime de notre excursion en ces parages. Comme cette ville est occupée par les Alliés, nous aurons sans doute beaucoup de formalités à remplir pour y entrer et surtout pour en sortir.