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Chapitre I

YOKOHAMA — TOKIO


2 novembre — Le matin, à 6 heures, lorsque nous nous sommes levés, et plusieurs heures auparavant, nous étions en vue du Japon dont le mont principal et la gloire nationale, le Fudjiyama, signale l’approche par son élévation de douze mille trois cent soixante-cinq pieds au-dessus du niveau de la mer, chiffre facile à retenir : il correspond aux douze mois et aux trois cent soixante-cinq jours de l’année.

Les Nippons ont raison d’être orgueilleux de leur Fudji. C’est un des plus beaux monts qui existent. Volcan éteint depuis longtemps, il a le profil d’un cône parfait dont le sommet, un glacier du plus pur cristal, brille, étincelle comme un diamant. Il n’est pas toujours visible ; comme les beautés rares, il a ses caprices. S’il y a nuages trop bas, brume ou fumée, le Fudji garde son éclat pour lui seul. Une passagère me fait la remarque que lors de son précédent et premier séjour au Japon, séjour d’un mois, elle n’avait pu le voir. Comme moi, ce matin, elle le contemple pour la première fois. Le soleil est radieux, l’air extrêmement pur et limpide. Bien que le mont soit à soixante-quinze milles, il reflète, jusque sur nous, les rayons horizontaux du soleil du matin. Deux heures durant, nous l’avons devant nos yeux éblouis. Nous ne pouvons nous en détacher. Il faut voir l’orgueil des Japonais se dilater, et le plaisir qu’ils éprouvent de constater que notre admiration monte au niveau de la leur. Je les comprends bien, en me reportant vers nos Rocheuses, notre Saint-Laurent, notre Niagara, notre Rocher Percé et tant d’autres merveilles dont la nature nous a dotés.

Notre descente sur le môle est très retardée ; la tempête, qui a fait rage au nord, a retenu l’Empress of Asia, du C.P.O.S. ; ce paquebot, au lieu d’arriver deux jours avant