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VOYAGE AUTOUR DU MONDE

Les morts sont incinérés ou inhumés. Il y a des fours crématoires dans les villes ; dans les campagnes, on enterre les morts un peu partout, autour des maisons, dans les jardins, près des sanctuaires. Sur les tombeaux, on voit souvent de charmantes miniatures, naïves reproductions des temples célèbres.

À la campagne, dans les villages, on tire l’eau des puits comme au bon vieux temps. Ce matin, de ma chambre, je vois fonctionner une antique brimbale. Dans les villes, les égouts, découverts à certains endroits, à d’autres recouverts de madriers, sont à la surface, chaque côté de la rue.

Nikko est plus favorisée ; l’eau de source, qui descend des sommets, coule à découvert au bord de la rue dans de petits canaux où chacun puise. Le système moderne de l’aqueduc et des égouts s’établit peu à peu. La cité sainte est renommée pour la beauté de son site au flanc des montagnes qui se mirent dans le cristal du lac Chuzenji, à cinq mille pieds d’élévation. Ces montagnes sont très boisées et leurs ravins résonnent de la puissante voix des torrents ; elles renferment les mines de cuivre les plus considérables du pays.

Des singes d’assez forte taille, à l’état sauvage, habitent les forêts et gambadent aux flancs des rochers. En revenant de notre excursion au lac Chuzenji, nous en avons vu une cinquantaine suspendus aux branches de l’autre côté d’un ravin. Comment peuvent vivre ces ouistitis dans ces montagnes qui se couvrent de neige à l’hiver ? Eux seuls le savent.

L’air est pur et vivifiant ; la température correspond à la nôtre en septembre ; la gelée n’a pas encore fait son apparition. Les jours sont plus courts ; le soir, à quatre heures et demie, le soleil disparaît derrière les sommets. Nous portons encore nos vêtements d’été. Les chambres de notre hôtel sont pourvues de foyers. Régulièrement, sans bruit, trottant sur ses chaussettes, la petite bonne apparaît, munie de sa chaudière remplie de sekitan (charbon) pour faire du hi (feu) au cas où le froid se ferait sentir.