Les trois déesses parurent « en peau », afin que le berger pût en toute connaissance de cause décerner la pomme. Mais ce spectacle ne devait point être d’un suprême ragoût, si nous en croyons le narrateur Pontus Henterus.
Celle qui représentoit Vénus, éloit une femme extrêmement grande, et encore plus grosse, raræ proceritatis, ac, ab immensâ pinguedine, protentosæ crassitudinis. La Junon Flamande, n’étoit pas moins grande, mais maigre, sèche, et n’ayant que les os collés sur la peau ; Pallas, qui se présentoit in puris naturalibus, aussi bien que Vénus et Junon, étoit une petite naïne, bossue par devant et par derrière, le cou mince, ventrue, les bras et les cuisses seiches et gresles.
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Fig. 32. — Costume de Firmin dans Louis xi à Péronne (Théâtre-Français), 1832.
L’éternel Jugement de Pâris fut encore représenté avec une Pastorale dans un bocage, — « deux sujets produits avec une naïveté plus que dégazée », dit. Touchard-Lafosse, — lors de l’entrée d’Anne de Bretagne à Nantes, le 10 novembre 1498, après la mort de Charles viii. Ces fêtes répondaient peu au deuil de la souveraine.
Et puis, faut-il rappeler l’entrée de Charles-Quint à Anvers, où de jeunes beautés sans voiles formaient au souverain un prestigieux cortège (fig. 33), sans compter les tableaux vivants des échafauds dressés sur le parcours ?
Ce n’est pas seulement à l’occasion exceptionnelle de la réception d’un prince que la plastique féminine était offerte à l’admiration et à la réjouissance des foules. Le théâtre au quinzième siècle utilise le nu comme un des moyens scéniques le plus facile et le moins coûteux pour donner au spectacle plus d’attrait et de saveur. Ainsi le moyen âge qui proscrivait la chair — témoins les tableaux des primitifs où l’anatomie est outrageusement méconnue — en proclamait la nécessité pour l’œuvre dramatique. On en jugera par cette rapide revue des Mystères et Miracles qui connurent le plus de succès.
