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Page:Witkowski, Nass - Le nu au théâtre depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours, 1909.djvu/6

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avant-propos

femme nue outrage la pudeur des citoyens qui paient cent sous pour la voir. Le théâtre est un palais fermé. Les gens que la nudité choque sont libres de ne pas entrer. De quoi se plaignent-ils ? On ne leur amène pas la danseuse chez eux. On ne la promène pas par les rues. Personne ne viole leurs regards.

Ainsi, les sentiments individuels n’ayant aucun prétexte à se dire blessés, le Parquet ne poursuit pas pour rendre justice à une


Fig. 2. — Fragment de l’Orgie sardanapalesque[1].


plainte reconnue fondée. Il poursuit au nom d’un principe, d’après lequel la nudité est un spectacle honteux — principe essentiellement religieux, qui n’est même pas évangélique, mais juif, et qui est descendu en ligne directe de la loi mosaïque dans le droit canon, et du droit canon dans l’interprétation du droit civil.

Il serait assez conforme aux idées modernes qu’on laissât aux confesseurs liberté pleine et entière de sermonner les actrices, et que le tribunal correctionnel se déclarât incompétent en matière de théologie morale. Ajouter à la pénitence la pénalité, c’est vraiment faire beaucoup de zèle.

  1. Voir Sarah Brown en Cléopâtre, fig. 122 de nos Seins dans l’hiloire (Maloine édit.).