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Page:Witkowski, Nass - Le nu au théâtre depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours, 1909.djvu/67

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CHAPITRE v

Le xviiie siècle


1. — La réforme du costume de théâtre


La vérité dans les costumes de théâtre. — Tragédies et paysanneries. — Mmes Clairon, Favart et Dugazon. — Le caleçon de la Camargo. — La police et les danseuses, à l’étranger. — Les doléances d’un ami des mœurs..

Ce n’est pas dans les théâtres publics qu’au dix-huitième siècle l’exhibition de femmes plus ou moins déshabillées prit un développement important. Au contraire, à cette époque de mœurs faciles, la police sembla vouloir réfréner la licence scénique ; les professionnelles du nu prenaient leur revanche dans les orgies privées et dans les théâtres libertins.

Aussi faut-il accorder peu de crédit à l’anecdote qui veut que Mlle de Seyne débuta en 1774, à la Comédie-Française, dans le rôle d’Hermione, « toute nue et toute vêtue d’or ». Ce membre de phrase est assez énigmatique. Au reste, le personnage d’Hermione ne se conçoit guère dans un déshabillé si complet, et Racine n’a point laissé entendre que pour s’attacher l’infidèle Pyrrhus, la Grecque ait eu recours à des artifices dignes de Phryné. En tout cas, un fait est certain, c’est que Louis xv, fort impressionné par la jeune tragédienne, lui fit présent d’un costume de huit mille livres, un costume décent, comme on voit. De son côté, la marquise de Prie lui en octroya un autre tout parfilé d’or. Ce n’est sans doute ni l’un ni l’autre de ces vêtements que Mlle de Seyne (la Defresne ) avait revêtu pour poser devant le peintre à la mode, Aved, qui la représenta dans son rôle triomphal d’Hermione, le visage égaré, le sein gauche hors de la tunique, prête à se frapper du poignard (fig. 41).

Ainsi donc, à défaut d’intimités dévoilées sur la scène, les actrices du dix-huitième siècle ne mettaient aucune fausse honte à ex-