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Page:Witkowski, Nass - Le nu au théâtre depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours, 1909.djvu/69

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le xviiie siècle

De même, les nourrices, qui, n’étant plus représentées par des hommes grossièrement affublés de postiches en coton, étaient tenues par des tétonnières puissantes, telle la femme du célèbre Bellecour qui jouait ces rôles à merveille, avec « la bonhomie franche d’une appareilleuse aimant bien à rendre des services pour de l’argent ».


Fig. 42. — Mlle Prévost, d’après le portrait peint par Raoux (Musée de Tours).

Dans certaines pièces, qui d’ailleurs ne valent pas cher, l’exhibition du sein est un élément scénique, un deus ex machina. Telle, par exemple, Vénus pèlerine, dont voici le scénario : des misogynes jurent de se venger sur la première femme qu’ils rencontreront. Vénus, pour les punir, se présente à l’un des adeptes de cette secte abominable, et, « comme entrée de jeu, découvre son sein devant lui ». Le pauvre garçon ne tomba pas aveuglé, mais simplement subjugué aux pieds de la Beauté. Quel effort d’imagination chez l’auteur de ce chef-d’œuvre !…

Le public était alors difficile sur l’exactitude de la mise en scène. Autant, au siècle passé, il était bon enfant et admettait les rôles de femmes tenus par des hommes, autant, dès la Régence, il devient exigeant sur la vérité des personnages. C’est ainsi que dans le Pedant, de Dehesse, joué à Versailles, au théâtre de la Pompadour, en 143, Mlle Durand qui tenait un rôle de nourrice fut jugée trop