Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 84 —

1° Fahrenheit pour chaque 2 600 pieds, par conséquent 1/50 à peine de l’accroissement réel qui est de la même quantité pour 50 pieds.

L’histoire complète du système de la Terre et de la Lune est ainsi rattachée par M. Darwin à une cause mécanique véritable ; et il est bien certain que, l’exactitude de ses déductions mathématiques étant admise, on arrive, par l’intervention de cette seule cause, à produire un système qui a la plus grande ressemblance avec le nôtre. Mais combien a-t-il fallu de temps pour que l’action réciproque des marées amenât la Lune, du contact de la Terre où elle est née, à sa distance actuelle ? M. G. Darwin a calculé que la durée minima de cette histoire de la Lune est de 54 millions d’années. Or, nous savons que depuis l’origine de la condensation de la nébuleuse solaire, c’est-à-dire depuis une époque bien antérieure à ce que M. Darwin considère comme l’état primitif de la Terre et de la Lune, il n’a pu s’écouler jusqu’à présent que 20 à 30 millions d’années au maximum. Nous nous retrouvons ici en présence de la même difficulté qui s’est toujours dressée devant l’hypothèse nébulaire, sous quelque forme que celle-ci ait été considérée.

D’autre part, si l’évolution du système lunaire s’est faite sous l’action du frottement des marées, il faut que des traces au moins d’une semblable action se retrouvent dans les autres systèmes de satellites, et peut-être aussi dans le système des planètes qui sont les satellites du Soleil. M. G. Darwin a étudié dans ses derniers Mémoires ce nouvel aspect de la question.

Une planète, considérée comme satellite du Soleil, tend à produire sur cet astre une marée dont le frottement ralentit la rotation du Soleil, et augmente par réaction la vitesse de la planète sur l’orbite, par conséquent tend à accroître le rayon de l’orbite. En même temps, le Soleil produit sur la planète une marée, dont l’effet est facile à analyser comme nous l’avons fait plus haut. Il en résulte d’une part un ralentissement de la rotation de la planète, et d’autre part un accroissement de la vitesse sur l’orbite, ou un accroissement de la distance au Soleil. Quelle peut être la grandeur de l’un et l’autre de ces deux effets ? Si l’on tient compte de l’énorme différence des rayons du Soleil et de la planète et de la gravité à leur surface, ainsi que de la lenteur relative de la rotation du Soleil, on voit d’abord que l’effet de la marée solaire sur la Terre est environ 113 000 fois plus grand que celui de la marée produite par