Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/13

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être décidée que par la lecture complète de leurs exposés ; et celui de Kant, il faut l’avouer, n’est connu en France que d’un très petit nombre de personnes. J’ai cru faire œuvre utile en publiant ici la traduction complète de la Théorie du ciel.

J’ai pris à tâche de suivre dans cette traduction le texte même de Kant, mot pour mot autant que possible, sans essayer de substituer à l’expression parfois vague et mal définie de sa pensée une paraphrase ou j’aurais risqué de la trahir. Je prie donc le lecteur de ne pas m’imputer les obscurités qu’il rencontrera parfois ; elles existent réellement, je crois, dans l’Œuvre de Kant. Mais s’il a la patience de suivre jusqu’au bout les développements parfois longs et embarrassés de l’auteur, s’il laisse de côté les difficultés que fait naître la conception mécanique de Kant, il sera, je n’en doute pas, récompensé de sa persévérance par le véritable plaisir que lui causera, comme je l’ai moi-même éprouvé, la lecture de certaines pages réellement éloquentes et pleines d’un sens philosophique profond. Telles sont celles où Kant expose ses idées sur la formation successive des mondes dans l’étendue indéfinie du chaos, leur dépérissement et leur résurrection.

Je recommande aussi la lecture de la Préface de Kant. En fait de Cosmogonie, dit M. Faye, il est difficile de ne pas heurter des sentiments respectables. Il appartient au philosophe de montrer comment la tendance de l’esprit scientifique à faire reculer l’intervention divine jusqu’aux dernières limites, jusqu’au chaos, se concilie avec la notion supérieure de la Providence. Il importe surtout de montrer que nos tentatives cosmogoniques n’ébranlent en rien la démonstration de l’existence de Dieu tirée des merveilles du ciel. La Préface de Kant a fait justice, depuis un siècle et demi, des objections qu’une fausse philosophie peut élever contre les efforts par lesquels la Science cherche à expliquer l’œuvre que Dieu a livrée à nos discussions ; et à ce titre, cette Préface devrait être celle de tous les Traités de Cosmogonie.

La troisième Partie de l’Œuvre de Kant, qui traite des habitants des astres, fait un contraste malheureux avec le reste du Mémoire, et l’auteur y montre une absence de logique vraiment surprenante.