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Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/156

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astres qui les environnent ; et en conséquence que toute l’armée de ces étoiles tend à se condenser par une attraction réciproque. Mais s’il en est ainsi, tous les systèmes de l’Univers se trouvent, en vertu de cette condensation incessante et que rien n’arrête, amenés à tomber les uns sur les autres et à se réunir tôt ou tard en une masse unique ; à moins que, comme dans notre système planétaire, une semblable destruction ne soit prévenue par des forces centrifuges qui détournent les astres de la chute en ligne droite et, par leur combinaison avec les forces d’attraction, les forcent à suivre des orbites courbes constantes, préservant ainsi l’édifice du monde de la destruction et lui assurant une durée sans fin.

Tous les soleils du firmament sont donc animés de mouvements orbitaires, soit autour d’un centre unique commun, soit autour de plusieurs centres. Et par analogie avec ce qui se remarque dans notre monde solaire, on doit croire que, comme la cause qui a communiqué aux planètes la force centrifuge en vertu de laquelle elles décrivent leurs orbites a en même temps donné à ces orbites une position très voisine d’un même plan ; de même aussi les causes, quelles qu’elles soient, qui ont donné l’impulsion aux soleils des mondes supérieurs, et en ont fait autant de planètes d’ordres plus élevés, ont en même temps amené leurs orbites à coïncider dans un même plan, en ne leur permettant que des écarts très limités.

D’après cette conception, on peut se représenter le système des étoiles comme un système planétaire énormément agrandi. Si au lieu des six planètes entourées de dix satellites, on en imagine des milliers, et au lieu de 28 ou 30 comètes qui ont été observées, si l’on en suppose des centaines et des mille ; si l’on se figure en outre ces corps lumineux par eux-mêmes ; le spectateur, qui de la terre considérera cet ensemble, aura devant les yeux l’apparence des étoiles de la Voie lactée. Car ces planètes supposées, par leur proximité d’un plan commun, dans lequel se trouve aussi la Terre, produiront une zone illuminée par d’innombrables étoiles, qui suivra un grand cercle de la sphère céleste. Cette traînée lumineuse sera toujours en tous ses points suffisamment garnie d’étoiles, quoique, selon notre hypothèse, il s’agisse d’étoiles en mouvement, et non d’un amoncellement d’étoiles immobiles ; car leur transport même amènera toujours en chaque point assez d’étoiles pour remplacer celles qui auront abandonné cette position.