Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/163

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N’est-il pas d’après cela vraisemblable que la variation de l’excentricité pour les astres qui se trouvent immédiatement au-dessus de Saturne se fait par degrés insensibles comme pour les planètes inférieures, et qu’ainsi les planètes se transforment peu à peu en comètes ? Car il est certain que c’est cette excentricité qui fait la différence essentielle entre les comètes et les planètes, et non pas la queue et la chevelure qui ne sont que la conséquence de cette excentricité. Et en même temps ne doit-on pas admettre que la même cause, quelle qu’elle soit, qui a imprimé aux astres leurs mouvements de révolution, non seulement est devenue trop faible, à ces grandes distances, pour produire l’équilibre entre la force d’attraction et la force d’impulsion, d’où résulte l’excentricité des mouvements, mais aussi a été trop peu puissante pour forcer les orbites de ces astres à se coucher dans le plan où se meuvent les planètes inférieures, et a ainsi permis la dispersion des comètes dans toutes les régions du ciel ?

Ces considérations permettent d’espérer peut-être la découverte, au delà de Saturne, de nouvelles planètes, qui devront être plus excentriques que lui, et se rapprocher des caractères des comètes. Mais par la même raison, de tels astres ne seront visibles que pendant un temps, très court, au voisinage de leur périhélie ; circonstance qui, jointe à leur grand éloignement et à la faiblesse de leur lumière, en a rendu la découverte impossible jusqu’ici, et la rendra toujours très difficile dans l’avenir. L’astre qui serait à la fois la dernière planète et la première comète serait, si l’on veut, celui dont l’excentricité serait assez grande pour qu’au périhélie son orbite vînt couper celle de la planète la plus voisine, celle de Saturne peut-être.