Aller au contenu

Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

à un espace qui s’étend jusqu’à l’orbite de la planète la plus extérieure. En vérité, ce corps central possède un excès de masse sur l’ensemble de toutes les planètes qui n’est pas dans le rapport de 17 à 1, mais de 650 à l’unité, d’après les calculs de Newton ; mais il est aisé de voir que, dans les espaces situés au delà de Saturne, où les formations planétaires cessent ou sont au moins très rares, où il ne s’est formé qu’un petit nombre de corps cométaires, et où les mouvements de la matière élémentaire, n’arrivant pas aussi facilement que dans les régions voisines du centre à l’équilibre régulier des forces centrales, ont dû dégénérer en une chute presque générale vers le centre, il est aisé, dis-je, de voir que là est l’origine de l’énorme prépondérance de la masse du Soleil.

Pour comparer les planètes entre elles au point de vue des masses, nous remarquerons d’abord qu’en raison de leur mode de formation, la quantité de matière qui se condense en une planète dépend particulièrement de la grandeur de sa distance au Soleil : 1o parce que le Soleil diminue par sa propre attraction la sphère d’attraction d’une planète, et que, à conditions égales, il modifie moins celle des astres éloignés que celle des astres voisins ; 2o parce que la couche sphérique d’où une planète éloignée tire ses matériaux a un plus grand rayon et par suite contient plus de matière que les couches plus voisines du centre ; 3o parce que, pour la même raison, la largeur comprise entre les deux surfaces de plus grand écart, pour le même nombre de degrés, est plus grande en proportion de la distance du Soleil. À l’encontre, cet avantage des planètes plus éloignées sur les plus proches est limité par cette circonstance que les particules sont plus denses au voisinage du Soleil, et aussi moins dispersées, selon toute apparence, qu’elles ne le sont à grande distance ; mais on peut aisément se convaincre que les premières conditions favorables à la formation de grandes masses l’emportent de beaucoup sur les dernières, et que ce sont surtout les planètes les plus éloignées du Soleil qui doivent posséder de grandes masses. Ceci est vrai tant qu’on suppose une planète en présence du Soleil tout seul. Mais lorsque plusieurs planètes viennent à se former à des distances différentes, chacune d’elles modifie, par son attraction propre, la sphère d’attraction des autres, et il peut en résulter des exceptions à la loi précédente. Car toute planète qui sera voisine d’une autre de masse prépondé-