Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/204

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mètre équatorial. Et cette différence pourra ne pas être visible, parce que Saturne, dont l’axe fait toujours un angle de 31° avec le plan de l’orbite, ne nous présente jamais cet axe debout sur son équateur, comme le fait Jupiter ; ce qui réduit encore la différence à peu près du tiers. Dans ces conditions, il est aisé de comprendre que, sur une planète aussi éloignée de nous, la forme aplatie du globe ne soit pas aussi évidente qu’on le pourrait croire. Cependant l’Astronomie, qui ne cesse de perfectionner ses moyens d’observation, parviendra peut-être un jour, si je ne me flatte trop, à mettre en évidence, à l’aide de ses puissants instruments, cette curieuse particularité de Saturne.

Ce que je viens de dire de la forme de cette planète conduit à une remarque générale concernant la théorie du Ciel. Jupiter, sur lequel, d’après un calcul exact, le rapport de la pesanteur à la force centrifuge à l’équateur est au moins celui de 9 1/4 à l’unité, devrait, si son globe avait partout la même densité, montrer, suivant la théorie de Newton, une différence plus grande que 1/9 entre son axe et son diamètre équatorial. Cependant Cassini n’a trouvé que 1/16, Pond 1/12, et parfois 1/14, et toutes les différentes déterminations s’accordent, malgré la difficulté de l’observation, à donner une valeur beaucoup plus petite que celle qui devrait résulter du système de Newton ou plutôt de son hypothèse d’une densité uniforme. Mais si alors on abandonne cette supposition d’une densité uniforme qui donne lieu à un aussi grand écart entre la théorie et l’observation, pour l’hypothèse bien plus vraisemblable d’une densité croissante vers le centre du globe, on peut non seulement rendre compte du résultat observé sur Jupiter, mais comprendre aussi la cause d’un aplatissement moindre du globe sphéroïdal de Saturne, planète bien plus difficile à mesurer.

Le mode de formation de l’anneau de Saturne nous a permis de nous hasarder à calculer à l’avance la durée de la rotation de la planète, que les lunettes n’ont pu encore découvrir. On me permettra d’ajouter à cette épreuve d’une prédiction physique à laquelle j’ose soumettre ma théorie celle d’une autre prévision sur la même planète, qui doit aussi attendre sa confirmation du perfectionnement des instruments dans les temps à venir.

D’après la supposition que l’anneau de Saturne est un amas des particules qui, après s’être élevées à l’état de vapeur de la surface