Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/206

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tain nombre de bandes circulaires concentriques, qui, en raison des intervalles qui les séparent, n’ont plus rien de commun les unes avec les autres. Car, puisque les particules qui circulent sur le bord intérieur de l’anneau tendent à accélérer le mouvement des particules plus élevées et ralentissent leur propre mouvement, l’augmentation de vitesse produit chez ces dernières un excès de force centrifuge qui les éloigne de la position où elles se mouvaient. Mais si l’on suppose que, en même temps qu’elles tendent ainsi à se séparer des régions plus basses de l’anneau, elles ont à vaincre une certaine cohésion, qui ne peut être absolument insignifiante quoiqu’il s’agisse de véritables vapeurs, l’accroissement de la vitesse s’efforcera bien de vaincre cette cohésion, mais ne la vaincra pas tant que l’excès de force centrifuge qu’il développe dans un temps de révolution égal à celui des particules les plus basses, sur la force centrale qui convient à leur position, ne dépassera pas cette cohésion. Et pour cette raison, la cohérence doit subsister dans une certaine largeur d’une bande de l’anneau, toutes les parties de cette bande tournant dans le même temps, malgré la tendance des particules les plus élevées à se séparer des plus basses. Mais la largeur n’en peut être grande ; en effet, la vitesse de ces particules qui ont même période de révolution croît avec la distance et devient ainsi plus grande qu’elle ne devrait être d’après la loi des forces centrales ; par suite ces particules doivent se séparer dès que leur vitesse a dépassé la limite où elle fait équilibre à leur cohésion, et doivent prendre une distance proportionnée à l’excès de la force centrifuge sur la force d’attraction. C’est ainsi qu’est déterminé l’intervalle qui sépare la première bande de l’anneau de la suivante ; et de la même manière le mouvement ralenti des particules supérieures produit le second anneau concentrique, grâce au mouvement plus rapide des particules inférieures et à leur cohérence ; puis vient un troisième anneau séparé par un intervalle convenable. On pourrait calculer le nombre de ces bandes circulaires et les largeurs des intervalles qui les séparent, si l’on connaissait la grandeur de la cohésion qui relie les particules les unes aux autres. Mais nous pouvons nous contenter d’avoir deviné la constitution très vraisemblable de l’anneau de Saturne, qui en empêche la destruction et le maintient par le libre mouvement de chacune de ses parties.