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CHAPITRE VII.

DE L’ÉTENDUE INFINIE DE LA CRÉATION DANS L’ESPACE ET DANS LE TEMPS.


L’Univers, par son incommensurable grandeur et par la variété et la beauté infinies qui éclatent en lui de toute part, jette l’esprit dans un muet étonnement. Si l’aspect d’un ensemble si parfait émeut l’imagination, un ravissement d’une autre nature saisit d’autre part l’intelligence, lorsqu’elle considère comment tant de magnificence, tant de grandeur, découlent d’une seule loi générale, dans un ordre éternel et parfait. Le monde planétaire, où le Soleil, placé au centre de toutes les orbites, force, par sa puissante attraction, les sphères habitées de son système à se mouvoir sur des cercles éternels, a été tout entier formé, comme nous l’avons vu, aux dépens de la matière universelle primitivement dispersée dans le chaos. Toutes les étoiles fixes que l’œil découvre dans les profondeurs du Ciel, où elles sont semées avec une magnifique prodigalité, sont autant de soleils, centres de systèmes semblables. L’analogie ne permet pas de douter que ceux-ci ont été formés et produits, comme celui dont nous faisons partie, des particules les plus petites de la matière élémentaire qui remplissait l’espace vide, ce contenant infini de la présence divine.

Si maintenant tous les mondes et les systèmes de mondes reconnaissent la même origine, si l’attraction est illimitée et universelle, si la répulsion des éléments agit partout, si en présence de l’infini le grand et le petit sont également petits ; tous ces mondes ne doivent-ils pas avoir entre eux des relations de constitution et des liaisons systématiques, comme en ont les corps de notre système, Saturne, Jupiter et la Terre, qui forment de petits systèmes particuliers et pourtant sont liés les uns aux autres comme membres d’un grand système ? Si, dans l’espace infini où se sont formés les soleils de la Voie lactée, on suppose un point autour duquel, pour