Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/272

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

être des esprits qui l’habitent. Il devient bien vite évident que les caractères particuliers des choses dans le champ des vérités éternelles forment un vaste système où chacun dépend de tous les autres. Et l’on reconnaît aussi bientôt que cette parenté des forces naturelles découle nécessairement de la communauté de leur origine, et de ce qu’elles ont toutes puisé à la même source leurs qualités essentielles.

Ces considérations que j’ai déjà développées ailleurs s’appliquent immédiatement à la question présente. Les mêmes lois générales du mouvement, qui ont assigné aux planètes supérieures une place éloignée du centre d’attraction et d’inertie dans le système du monde, les ont par cela même placées dans les conditions de formation les plus avantageuses, loin du centre d’attraction de la matière la plus grossière et loin de toute influence qui aurait pu gêner leur libre développement. Mais elles les ont en même temps soustraites, dans un rapport déterminé, à l’influence de la chaleur, qui se répand suivant la même loi tout autour du centre. Puisque maintenant ce sont ces mêmes conditions qui ont facilité la formation des astres dans ces régions éloignées, et rendu plus rapides leurs mouvements de rotation, qui en ont fait en un mot des systèmes plus parfaits ; puisque, d’autre part, les êtres spirituels sont dans une dépendance nécessaire de la matière à laquelle ils sont personnellement enchaînés, il n’y a point à s’étonner que, de la dépendance des mêmes causes, soit résultée pour les deux ordres d’êtres une égale perfection. Quand on y réfléchit bien, cette concordance n’a rien d’inopiné ou d’inattendu, et puisque c’est le même principe qui a incarné les êtres spirituels dans la constitution générale de la nature matérielle, il faut bien que le monde des esprits soit plus parfait dans les globes éloignés, pour les mêmes raisons pour lesquelles le monde corporel y est lui-même plus parfait.

Ainsi, dans l’étendue entière de la nature, ces êtres forment une chaîne ininterrompue dont l’éternelle harmonie relie tous les anneaux. Les perfections de Dieu se sont manifestement révélées dans la création de l’homme et n’éclatent pas avec moins de magnificence dans les classes les plus inférieures des êtres que dans les plus nobles.

Vast chain of being ! which from God began,
Natures æthereal, human, angel, man,