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de Laplace, le Soleil est, sauf l’incandescence, un globe comme le nôtre, solide ou liquide, entouré d’une atmosphère.

Mais, si telle était la conception de Laplace en 1796, certainement elle s’était bien modifiée à la fin de sa vie : « Dans l’état primitif où nous supposons le Soleil, il ressemblait aux nébuleuses que le télescope nous montre composées d’un noyau plus ou moins brillant, entouré d’une nébulosité qui, en se condensant à la surface du noyau, le transforme en étoile. Si l’on conçoit, par analogie, toutes les étoiles formées de cette manière, on peut imaginer leur état antérieur de nébulosité, précédé lui-même par d’autres états dans lesquels la matière nébuleuse était de plus en plus diffuse, le noyau étant de moins en moins lumineux. On arrive ainsi, en remontant aussi loin qu’il est possible, à une nébulosité tellement diffuse, que l’on pourrait à peine en soupçonner l’existence. » (p. 550.)

Laplace a donc franchement adopté l’idée herschélienne de la condensation des nébuleuses planétaires. Pour lui, le Soleil primitif n’est pas simplement une étoile nébuleuse ; c’est une nébuleuse à condensation centrale. Mais le système planétaire ne commence à se former, nous le verrons, que lorsque cette condensation est déjà très prononcée et forme un véritable noyau.

Cette nébuleuse diffère d’ailleurs essentiellement de celle que Kant a aussi placée à la base de son système. La nébuleuse de Kant est formée de particules indépendantes, qui, primitivement en repos, se mettent à circuler autour du centre, chacune avec sa vitesse propre déterminée par la loi des aires. La nébuleuse de Laplace est une atmosphère formée d’un gaz élastique, dont toutes les couches sont animées d’une même vitesse angulaire de rotation, et qui est soumise à toutes les lois posées par Laplace dans son étude des atmosphères : elle a une limite, qui est le point où la force centrifuge due à son mouvement de rotation balance la pesanteur ; elle a la forme d’un ellipsoïde dont l’aplatissement ne peut dépasser 1/3.

La cause de la rotation de la nébuleuse n’est pas indiquée par Laplace : pour lui, cette rotation paraît être une propriété originelle comme l’attraction et antérieure à la condensation centrale. En un seul endroit, à ma connaissance, il rattache la rotation à l’attraction elle-même (p. 504), mais sans aucune explication qui permette de comprendre son idée.