Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 29 —

matière même du Soleil suffit, si on le considère comme une masse gazeuse, à compenser la perte qu’il éprouve par rayonnement. Une contraction annuelle de 75m environ dans le diamètre solaire donnerait, dans les conditions les plus défavorables, la chaleur nécessaire à cette compensation et ne produirait qu’une diminution d’une seconde au bout de plus de 9 000 ans sur le diamètre apparent de l’astre.

Nous sommes alors conduits à une conséquence du plus haut intérêt. S’il est vrai que le Soleil diminue sans cesse de diamètre, il a été, à des époques antérieures, beaucoup plus volumineux qu’aujourd’hui. À un moment, il a rempli tout l’orbite de Mercure, antérieurement il remplissait celui de Jupiter ; il s’est étendu jusqu’à l’orbite de Neptune et au delà, si bien que nous sommes ramenés, comme conséquence mathématique de la théorie de la chaleur, à l’idée que Laplace s’était faite du Soleil primitif, en s’appuyant sur des considérations d’un ordre tout différent. En même temps, cette théorie nous fait connaître la source de la chaleur que possédait déjà la nébuleuse au moment de la formation des planètes, et que possède encore le Soleil. Supposons, avec M. W. Thomson, la matière totale du système solaire primitivement diffusée, à l’état de gaz extrêmement rare, dans un globe de rayon bien supérieur au rayon de l’orbite de Neptune ; cette nébuleuse était au zéro absolu de température, mais sa contraction sous l’empire de la gravité en a élevé peu à peu la température, et l’on peut calculer la quantité totale de chaleur engendrée par cette contraction. Elle est nécessairement limitée, quelle qu’ait été l’étendue de la nébuleuse à l’origine ; un corps tombant de l’infini engendre une quantité finie de chaleur, de même qu’il n’acquiert qu’une vitesse finie. M. W. Thomson a montré que la contraction du Soleil, depuis un volume infini jusqu’à son volume actuel, engendrerait 18 millions d’années de chaleur, c’est-à-dire 18 millions de fois la chaleur que cet astre rayonne aujourd’hui en un an. Suivant qu’on supposera que le Soleil perdait, dans les âges antérieurs, plus ou moins de chaleur qu’il n’en émet actuellement, la théorie dynamique fixera l’âge de cet astre à un nombre d’années inférieur ou supérieur à 18 millions d’années.

Mais cette manière d’envisager l’origine de la chaleur solaire a fait naître une objection contre l’hypothèse nébulaire elle-même.