Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 60 —

un, dans le plan de l’équateur incliné ? La question me semble donc encore loin d’avoir sa solution.


En résumé, de toutes les objections qui ont été élevées contre les conceptions de notre grand géomètre, il me semble que la discussion précédente n’en a laissé subsister qu’un bien petit nombre. Sans doute, nous ne pouvons plus concevoir la nébuleuse solaire à la manière primitive de Laplace. Ainsi que l’a fait remarquer M. Faye, la préexistence d’un globe possédant toute la masse du système solaire et toute son énergie mécanique, dont l’atmosphère se dilue un jour jusqu’aux limites du monde actuel par l’action d’une chaleur intense, d’origine non définie, c’est là une pure hypothèse qui n’est fondée sur aucun fait d’observation. Déjà Laplace, nous l’avons vu, se faisait du Soleil, à la fin de sa vie, une idée bien différente de celle qu’il avait mise en avant en 1792. Les notions introduites par la Thermodynamique sont venues éclaircir l’origine mystérieuse de la chaleur solaire et modifier, par conséquent, le mode de contraction de la nébuleuse. Ce n’est plus le refroidissement seul, c’est surtout l’attraction qui produit la diminution de volume et donne naissance, dès l’origine, à cette condensation centrale, noyau du Soleil futur, qui remplace le globe solide ou liquide de Laplace, indispensable à la formation des planètes. Mais, une fois cet état de choses établi, nous sommes en face d’un système absolument semblable à celui que notre grand géomètre a placé à l’origine du monde planétaire. Les notions nouvelles n’ont donc fait que substituer une base scientifique à l’hypothèse qu’avait dû adopter Laplace ; elles n’ont rien changé au développement ultérieur de sa conception.

Sans doute aussi Laplace n’avait pas, dans les quelques pages qu’il a consacrées à l’exposition de son système cosmogonique, prévu toutes les difficultés, indiqué tous les cas singuliers que des découvertes ultérieures ont fait reconnaître ; cependant l’étude attentive de son texte montre le soin extrême qu’il avait apporté dans la discussion de la plupart de ces points délicats. L’œuvre de ses successeurs, et en particulier de M. Roche, a été de compléter sur certains points l’exposition de Laplace, de corriger parfois ce qu’elle avait de trop absolu dans ses termes ; et il en est résulté, à mon avis, un ensemble presque entièrement satisfaisant. Il ne reste,