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Page:Woolf - Cowper et lady Austen, paru dans Le Figaro, 22 et 23 septembre 1929.djvu/15

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(Suite et fin)

Et malgré cette mélancolie, pourrait-on dire en paraphrasant ses paroles, Cowper était un homme du monde. Comme il le disait lui-même, par nature, il n’était pas un reclus. Ce n’était pas un ermite maigre et solitaire. Au contraire, ses membres étaient robustes, ses joues étaient vermeilles ; il prenait de l’embonpoint. Dans sa jeunesse, lui aussi, avait connu le monde et, pourvu naturellement qu’on le juge, on gagne à le connaître. Cowper, en tout cas, tirait quelque fierté d’être de bonne naissance. Même à Olney, il gardait l’idéal du bon ton. Il lui fallait une boîte élégante pour son tabac à priser et des boucles d’argent pour ses souliers ; s’il avait besoin d’un chapeau, ce chapeau devait être « non pas rond et rabattu, ce que je déteste, mais coquet, à la mode et bien retroussé ». Ses lettres gardent cette sérénité, cette raison, cet humour délicieux et détourné, conservés dans une prose claire et belle. Comme le courrier ne partait que trois