Aller au contenu

Page:Woolf - Cowper et lady Austen, paru dans Le Figaro, 22 et 23 septembre 1929.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

arbre chaque jour de ma vie avec un nouveau plaisir ». C’était ce don de voir avec tant d’intensité qui donnait à sa poésie, malgré son ton moralisateur et didactique, ses qualités inoubliables. C’était cela qui rendait certains passages de son poème La Tâche semblables à de claires fenêtres lumineuses dans l’édifice prosaïque du reste. C’était ce qui donnait tant de piquant et de saveur à sa conversation. Tout à coup, un spectacle plus beau le frappait et prenait possession de lui. Cela doit avoir donné aux longues soirées d’hiver, aux visites matinales un indescriptible mélange de pathétique et de charme. Seulement, comme Theodora aurait pu en avertir Ann Austen, sa passion ne s’adressait ni aux hommes ni aux femmes ; c’était une ardeur abstraite ; Cowper était un homme singulièrement dépourvu de sens

Une fois au début de leur amitié, Ann Austen avait été avertie. Enthousiaste comme elle l’était, elle adorait ses amis et elle exprima