Page:Woolf - Cowper et lady Austen, paru dans Le Figaro, 22 et 23 septembre 1929.djvu/21

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et Mary Unwun. La porte entre les deux jardins était ouverte ; les deux familles dînaient ensemble, tantôt chez l’une, tantôt chez l’autre ; William appelait Ann sœur et Ann appelait William frère. Quelle vie aurait pu être plus idyllique ? « Lady Austen et nous, nous passons nos journées ensemble, tantôt dans notre château, tantôt dans le sien. Le matin, je me promène avec l’une de ces dames et, l’après-midi, je dévide des écheveaux », écrivait Cowper, se comparant en badinant à Hercule et à Samson. Et puis venaient les soirées, les soirées d’hiver qu’il aimait le mieux, et il rêvait à la clarté du feu, contemplant la danse bizarre des ombres et les nuages de fumée jouant sur les barreaux de la cheminée jusqu’à ce qu’on apportât la lampe et, à cette lumière égale, il prenait ses filets ou dévidait de la soie, et peut-être Ann chantait en s’accompagnant du clavecin, et Mary et William jouaient au volant, confiants, innocents, paisibles ; où était donc