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Page:Woolf - Cowper et lady Austen, paru dans Le Figaro, 22 et 23 septembre 1929.djvu/23

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feu brillant pouvait brûler et au dehors le gel et le vent faire paraître d’autant plus doux le calme foyer. Mais il y avait une ombre parmi eux. Dans cette pièce tranquille, un gouffre s’ouvrait. Cowper marchait sur le bord d’un abîme. Une voix terrible l’entraînait à la perdition. Des chuchotements se mêlaient aux chants ; des voix l’avertissaient qu’il était damné. Et puis Ann Austen attendait de lui des déclarations d’amour ! Cette pensée était odieuse ; elle était indécente ; elle était intolérable. Il lui écrivit une autre lettre, une lettre à laquelle on ne pouvait répondre. Dans son amertume, Ann la brûla. Elle quitta Olney et ils n’échangèrent plus jamais un mot. Leur amitié était finie.

Et Cowper ne s’en chagrina pas beaucoup. Tout le monde était extrêmement bon pour lui. Les Throckmorton lui donnèrent la clé de leur jardin. Une amie anonyme — il ne devina jamais son nom — lui fit don de cinquante livres