Ne m’achete point de chair,
Car, tant soit-elle friande,
L’esté je hay la viande.
Achete des abricos,
Des pompons, des artichôs,
Des fraises et de la crême :
C’est en esté ce que j’aime,
Quand, sur le bord d’un ruisseau,
Je les mange au bord de I’eau,
Estendu sur le rivage
Ou dans un antre sauvage.
Ores que je suis dispos,
Je veux rire sans repos,
De peur que la maladie
Un de ces jours ne me die,
Me happant à l’impourveu :
« Meurs, gallant : c’est assez beu. »
L’AMOUR MOUILLÉ
Du malheur de recevoir
Un estranger sans avoir
De luy quelque cognoissance
Tu as fait experiance,
Menelas, ayant receu
Pâris, dont tu fus deceu ;
Et moy je la viens de faire,
Las ! qui ay voulu retraire
Tout soudain un estranger
Dans ma chambre et le loger.