Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/220

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rait pas les bruits malveillants qui avaient couru sur l’état mental de son compagnon. M. Roberty avait beaucoup d’amis en Angleterre et les égyptologues ne sont pas tendres pour ceux d’entre eux qui font des découvertes importantes, les confrères anglais du jeune homme, en écrivant au savant français, n’avaient pas fait d’exception à la règle.

Magda pouvait cependant apprécier ces accusations à leur juste valeur ; elle savait que Rogers n’était pas fou.

Et pourtant, il lui avait sérieusement dit qu’il revoyait l’âme de la momie !

L’esprit des demoiselles françaises est aussi obscur que celui de leurs congénères anglaises. Tout homme de bon sens aurait jugé Rogers un peu timbré à la suite d’une pareille confidence, mais Mlle Roberty pensa d’une manière toute différente.

Loin de diminuer, sa sympathie pour l’Anglais augmenta : il avait donc de l’imagination comme elle, il éprouvait des impressions étranges, comme elle encore.

Et cette similitude psychologique causa à la gentille, archéologue une satisfaction infinie, hors de toute proportion, en vérité, avec l’événement absurde et insignifiant qui la provoquait.

Ce ne fut pas la seule conséquence de cet incident ridicule. Magda devint curieuse de savoir exactement quand, où, comment Rogers avait vu la momie.

Profitant d’une promenade après dîner, elle interrogea Rogers qui l’escortait :

— Vous me disiez l’autre jour que vous aviez revu l’Égyptienne dont vous possédez la momie ?

— Oui, mademoiselle.

— Lui avez-vous parlé ?

— Oui… C’est-à-dire non… J’ai échangé des pensées avec elle.

— Et que dit-elle de… la réincarnation ?

— Elle y croit.

— Et vous, personnellement, que pensez-vous ?