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Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/219

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quelquefois que j’ai vécu ici, à l’époque où Khounaten était une ville prospère.

— C’est bien la sensation que j’éprouve souvent. Le site me paraît familier et la seule chose qui m’étonne, c’est de ne plus voir la ville à laquelle mes yeux étaient habitués.

Magda regardait Rogers, et celui-ci était incapable de voir autre chose que ses prunelles noires entourées de leur iris couleur d’améthyste sombre ; le jeune homme ressentait une impression étrange semblable sans doute à celle qu’éprouve un oiseau fasciné.

— Croyez-vous que cela soit possible ? reprit la jolie Française.

Il était obligé de lui répondre avec franchise ; la vérité devait sortir de ses lèvres, sans réticence, sans atténuation, quelque chose l’y forçait et sa volonté, comme inspirée par une divinité, y consentait.

— Oui mademoiselle, je crois cela possible. J’irai plus loin, je crois cela certain.

» Il y a en nous un principe d’énergie vivante que la mort ne rend pas impropre à de nouveaux efforts, à de nouveaux travaux. Elle le détache simplement d’un corps devenu inutile, qu’il soit dégradé par l’usage, c’est la vieillesse, ou qu’il soit détérioré par un accident avant que le temps ait accompli son œuvre.

» Tenez, ajouta-t-il, vous savez que la momie retrouvée grâce à vous est celle d’une habitante de l’antique Khounaten ?

— Oui.

— Eh bien ! je la revois souvent, c’est elle qui m’a… qui m’a inspiré sans doute mes découvertes. Je suis persuadé que son âme est auprès de nous.

La voix de M. Roberty mit brusquement fin à l’entretien des deux jeunes gens, le dîner était servi et l’archéologue à table. Il se sentait heureux et avait faim, ayant trouvé six morceaux d’un vase de Canope en faïence bleue.

C’était la première fois que Rogers parlait à Magda de ses visions ; elle n’igno-