Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/141

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siciennes jouant de la harpe. Leurs corps étaient blancs ; leurs cheveux teints en bleu, leurs grands yeux immobiles semblaient immenses, dans leurs visages grossièrement sculptés.

La princesse s’assit auprès de Rogers, elle fit quelques gestes lents, graves, comme hiératiques. Aussitôt l’armoire se remplit d’une buée lumineuse, et peu à peu douze jeunes filles aux corps blancs comme du lait, aux cheveux teints d’une couleur foncée, aux grands yeux noirs, vêtues de tuniques blanches étroites, sortirent de la vitrine.

Elles portaient des harpes allongées, aux nombreuses cordes. Elles saluèrent Nefert-thi et Rogers, puis s’accroupirent en cercle devant eux ; après quoi elles accordèrent leurs instruments et jouèrent une mélodie monotone.

— Je vais chanter, dit l’Égyptienne, vous autres jeunes filles, vous m’accompagnerez. Je dirai la chanson d’amour des bateliers de Thèbes.

Et Nefert-thi chanta ; l’air était simple, primitif et pauvre, mais la jeune fille faisait des roulades prolongées semblables au chant des rossignols, et Rogers n’avait jamais rien entendu d’aussi doux. C’était ainsi que les bateliers thébains, il y a trois ou quatre mille ans, rythmaient la cadence de leurs rames sur le fleuve Hapi, le père. Et ils disaient la joie des lèvres qui s’entr’ouvrent aux baisers, sous la protection d’Isis la féconde, celle qui porta dans ses flancs l’immortel Horus, le soleil du printemps nourricier.

Nefert-thi s’était tue depuis longtemps, et Rogers écoutait encore la lente mélopée.

Elle frappa doucement dans ses mains, et les musiciennes s’évanouirent comme une fumée qu’emporte le vent,

— Qu’est-ce, Nefert-thi ? Quelle magie viens-tu de me montrer ?

— La magie de la pensée et de la volonté, Ameni. Les barbares qui t’ont recueilli dans