Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/222

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mes inférieures qui se sont fondues en quelque sorte pour devenir une nouvelle unité.

» Dans leur soif de progrès, les âmes se cherchent, afin de trouver celles qui les compléteront et qui pourront fusionner avec elles. C’est là le principe de l’amour qui tend à l’unité supérieure, tandis que son opposé, la haine, exprime la dissociation et le recul.

» L’amour est l’expression du besoin de l’union des âmes, celle des corps n’est qu’un symbole, et ce symbole devient concret dans le monde matériel. La loi du progrès est une loi d’amour. »

Et Magda n’osa pas interroger davantage le jeune homme ; son mysticisme savant et raffiné lui plaisait ; elle s’était inconsciemment rapprochée de Rogers, avait pris son bras et s’appuyait sur lui, tandis qu’ils causaient en marchant le long du fleuve, près des hautes touffes de roseaux, sur la terre fendillée par la chaleur du jour.

Le silence permettait à la jolie Française d’écouter encore la voix de son compagnon, qui sonnait doucement à ses oreilles, donnant aux mots français une légère accentuation anglaise, capricieuse et charmante.

Et Magda trouvait très douce la promenade qu’elle faisait au bras de l’orientaliste, dans la nuit claire de l’Égypte, sous le ciel où brillaient les étoiles, près du vieux fleuve qui coulait sans bruit ; elle éprouvait un singulier bien-être à se serrer contre Rogers, à se suspendre à son bras, comme s’il eût été exquis d’être à lui, d’être sa chose, entièrement soumise à sa volonté ; les sensations qu’elle ressentait auprès de Rogers étaient délicieuses, mais troublantes.

Elle cessa de lui donner le bras et dit d’une voix qui tremblait un peu.

— Rentrons, il est temps.

Et Rogers la suivit, continuant une rêverie commencée, dans laquelle l’image de Nefert-thi se confondait avec celle de Magda.