Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/249

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près de la momie de Minamoun ; les vingt autres cercueils furent vidés de la même manière.

— Je vais brûler ces momies, déclara Rogers.

— Quoi ? s’exclama M. Roberty, vous êtes fou ! ce sont des spécimens splendides ! Cette découverte va illustrer nos noms, et vous voulez que nous détruisions ces momies de nos propres mains ?

« Je m’y refuse absolument ; d’ailleurs le gouvernement nous poursuivrait. »

Rogers ne voulait rien entendre ; mais son interlocuteur le supplia avec tant d’insistance, lui représenta avec tant d’éloquence le danger des poursuites criminelles auxquelles il s’exposait qu’il finit par céder.

— Soit, monsieur Roberty, je ne brûlerai pas les corps. Je vous avertis cependant que nous commettons une faute grave et que nous courons des risques bien redoutables ; la justice égyptienne me semble moins à craindre que…

— Que ?

— Que leur haine et leur vengeance, dit-il tout bas, en montrant les momies solennelles dans leurs bandelettes jaunies par les siècles.

« Il faut cependant annihiler leur puissance malfaisante. Je vais essayer de briser la force des liens funéraires qui relient leur double à leur corps desséché.

— Mais…

— Laissez-moi faire, monsieur, c’est plus sérieux que vous ne pensez.

L’orientaliste prit de la terre, de l’eau, et pétrit une sorte de pâte ; il fit dégager le visage des momies et frotta leur front avec ce mélange. Puis il dit en égyptien :

— Ceci est le symbole de la corruption. Minamoun, ton corps est, par ma volonté, mangé des vers ; il devient semblable à cette terre et ton kâ ira là où il doit aller.

Il répéta la même cérémonie et les mêmes paroles sur chaque momie, en ayant soin de prononcer le nom exact du défunt.