Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/252

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Magda ne voyait pas cette nécessité. Nefert-thi était bien là où elle était. Depuis trois mille cinq cents ans, elle devait s’être accoutumée à son genre particulier d’existence et n’avoir pas besoin d’en changer.

D’ailleurs, que venait faire l’Égyptienne entre elle et Rogers ?

Un sentiment hostile, dont Mlle Roberty avait déjà senti plusieurs fois la morsure s’éveillait en son cœur.

Si Nefert-thi n’existait pas, rien n’empêcherait Rogers d’appartenir uniquement à Magda. Et le désir de l’inexistence de la momie se précisa dans l’esprit de la jeune fille.

Elle reprit :

— Est-ce aussi nécessaire que vous le pensez ? Nefert-thi n’a pas besoin des trente ou quarante années d’existence que nous pouvons lui donner. Qu’est-ce pour elle ? Rien, à peine un grain de sable dans un océan !

» Bientôt nous irons la rejoindre. Pourquoi ne pas attendre ? Pourquoi l’exposer et nous exposer avec elle à un échec qui présente, d’après vous, des dangers pires que la mort ?

» Ne tentons pas Dieu, Ameni, et obéissons aux lois qui interdisent à l’homme l’accès des sources de la vie. »

L’orientaliste paraissait plus absorbé que jamais dans sa contemplation des choses de l’au-delà. Sa vote était comme l’écho d’une voix lointaine quand il répondit :

— Merytaten, la science de la vie est celle que nous devons maintenant connaître. Sans doute, si nous échouons, nous serons frappés par l’épée flamboyante de celui qui écarte les indignes, mais l’épreuve doit être subie tôt ou tard.

» Notre destin est de la tenter aujourd’hui et nous serions plus coupables de la fuir quand nous sommes appelés, que d’échouer dans notre entreprise. »

L’amour qui l’avait domptée parla enfin, Magda n’était plus Merytaten, l’esclave de